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souvenirs de la retirada au Boulou- Lourdes (10 ans)

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le boulou vu de l'étranger (envoi de B.Mirailles)

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Bonjour Christian.
 
Tu connais certainement cette facétie trouvée sur Panoramio ?
 
La photo date de décembre 2009, la Mairie a peut-être corrigé depuis ?
 
Amitiés,
 
En Bernat

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l'usine Bousquet 1967

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Petites chroniques boulounencques (1954-1957) - 11_La fin du Pont Suspendu. Bernard Mirailles

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Petites chroniques boulounencques (1954-1957) 10: Les cirques. Bernard Mirailles

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Les cirques

 

 

Les « grands » cirques : Pinder, Bouglione… n’approchent jamais le Boulou ; ils ne font escale qu’à Perpignan, sur le large plateau du « marché de gros ». Nous sommes avertis de leur passage par l’apparition soudaine d’une multitude d’immenses affiches où dominent souvent les teintes rouge et or. Savamment adaptées, elles présentent de manière alléchante et très avantageuse les diverses facettes du spectacle. Nous allons assister, une seule fois, à l’une de ces représentations : remarquablement organisé, varié et de grande qualité, il vaut vraiment le déplacement, la file d’attente… et le prix ! Je note cependant, du haut de mes dix ans, que la piste enserrée par les gradins semble minuscule par rapport à ce que vantent les affiches ; les éléphants, bonasses, ne sont pas aussi gigantesques ; lions et tigres, même s’ils grondent beaucoup, ne sont pas monstrueux ; le dompteur, qui les maîtrise parfaitement, ne semble jamais menacé ; et l’écuyère qui l’assiste ne risque rien puisqu’elle se tient bien à l’abri derrière les solides barreaux de la grande cage …

Eh oui ! De tous temps, le bonimenteur a fait mousser l’image de son produit pour mieux appâter
les gogos !

Les petits cirques qui viennent s’installer pour une ou deux soirées au Boulou, annoncés par quelques maigres affichettes, semblent, eux, tirer le diable par la queue. Beaucoup n’ont même pas de chapiteau ; hommes, animaux efflanqués, véhicules et roulottes transpirent la précarité. En retour, l’assistance n’est jamais très fournie : quelques familles viennent se poser sur les gradins branlants mais nombreux sont ceux qui se contentent de rôder à l’entour pour grappiller gratuitement des miettes du spectacle ; ils s’éloignent sournoisement lorsque la bohémienne qui joue le rôle d’ouvreuse vient quêter quelques oboles en proposant babioles ou friandises ; réfugiés dans l’ombre, ces resquilleurs laissent passer sans mot dire et apparemment sans honte l’orage de ses furieuses imprécations …

Seul, dans ce petit monde, un groupe de hardis funambules laissera un souvenir durable : ils reviennent chaque année, et chaque année leur numéro est plus osé. Tout leur spectacle se déroule sur un câble d’acier où ils réalisaient d’extraordinaires équilibres à pied, en vélo, sur des chaises… A leur premier passage, ce câble sera tendu place Jean Jaurès (alors vierge de tout aménagement) à faible hauteur entre deux modestes piquets de bois. Un an ou deux plus tard, ce sera entre deux pylônes en treillis métallique, à une distance du sol assez impressionnante. Lors la dernière représentation dont je serai témoin, la troupe choisira une option spectaculaire saluée avec emphase par la presse locale : le très long câble d’acier est cette fois tendu entre le sommet du vieux château d’eau et le sol, non loin de l’actuelle Avenue Maréchal Foch. Dans la nuit noire, éclairés par un puissant projecteur, les funambules semblent se mouvoir dans le vide au dessus d’une foule de spectateurs admiratifs et inquiets car apparemment aucun dispositif n’assure les intrépides acteurs contre une perte d’équilibre…

La fin de leur démonstration sera saluée par une véritable ovation.

Soit qu’ils aient cessé leur numéro pour une raison quelconque, soit parce que mes études espaceront ensuite toujours davantage mes séjours au Boulou, je n’en entendrai plus jamais parler après ce dernier exploit.

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passeur de mémoire 8- Bernard MIRAILLES

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Focs de Sant Joan

 

Comment ne pas parler, en terre Catalane, des soirées « d’als Focs de la San Joan » ?

Disons d’abord avec tous ceux qui ont écrit sur le sujet que la tradition s’en perd dans un passé lointain et barbare… On y parle encore de sacrifices humains, à moins que l’on n’y évoque le désespoir de la belle princesse Pyrène s’immolant par le feu sur le Mont Canigou après avoir été abandonnée
par Hercule…

Cette tradition était plus ou moins tombée dans l’oubli jusqu’à ce que, dans les années cinquante, la trace en soit retrouvée par quelque érudit ; il en parla à un groupe d’amis qui firent le pari d’en ranimer la flamme et d’en faire un symbole de la catalanité.

Il y eut sans doute quelques années d’incertitude au début mais lorsque j’y suis initié vers 1960 la manifestation est redevenue très vivace, fortement organisée et soutenue par les média locaux.
Le 24 juin tombe un vendredi en 1960. L’année bissextile étant passée, il tombera logiquement un samedi en 61 puis un dimanche en 62 ce qui me permettra une participation sans conflit avec les devoirs scolaires…

Avec un petit groupe de camarades, nous décidons donc cette année là que nous aurons « notre » feu. Nous nous mettons aussitôt en quête d’un lieu propice, dégagé des végétations, éloigné des habitations, loin de toute ligne électrique. Nous jetons finalement notre dévolu sur une ancienne vigne au sol sablonneux, à la limite ouest de l’agglomération : ce terrain accueillera plus tard de belles et paisibles villas mais nous n’imaginons même pas alors cette perspective lointaine. En revanche, nous apprécions fortement les perspectives superbes sur le Canigou à l’ouest et sur toute la chaîne des Albères au sud que nous offre ce site, perspectives qui deviendront stratégiques dans la soirée.

Dès le milieu de l’après-midi, nous nous mettons en quête de combustibles. Furetant au bord de la falaise caillouteuse qui surplombe le Tech (là où passera un jour l’autoroute …), nous découvrons un véritable trésor : des monceaux de fagots de sarments, empilés année après année lors des tailles hivernales. Poussant de joyeuses exclamations d’enthousiasme, nous encourageant mutuellement, nous entreprenons de les arracher aux ronces, liserons et touffes de graminées qui ont entrepris de les faire retourner à la terre ; certains d’ailleurs s’écroulent en sciure dès que nous les saisissons. En un clin d’œil, nous sommes maculés de poussière blonde.

L’aire destinée à la cérémonie rituelle est proprement dégagée de toute trace de végétation. Elle voit rapidement s’amonceler, portée par la jeune chaîne humaine, une prometteuse pyramide, enrichie de quelques vieux madriers et planches de coffrage subtilisés sur les chantiers environnants. Nous accueillons avec des cris d’enthousiasme chaque nouveau venu rameuté par le bouche-à-oreille, évaluant à chaque apport de matériau, avec une exagération toute méditerranéenne, la hauteur des flammes de notre futur feu de joie. Sept heures sonnent au clocher de l’église : il est temps d’abandonner momentanément notre œuvre pour le repas familial du soir : il sera expédié avec la hâte que l’on devine, justifiant chez nos mamans des mimiques affectées de consternation…

Revenus, bardés de recommandations, sur le théâtre des opérations, nous assistons au coucher tardif du soleil, solstice d’été oblige, à l’horizon de lointains sommets bien au nord du massif du Canigou ; nous pouvons à loisir admirer la magnifique palette des pastels célestes : rouge, rose, turquoise, bleu délavé se diluant peu à peu dans le bleu profond du crépuscule.

La montagne tutélaire, très tôt plongée dans l’ombre, découpe sur le fond du ciel pâle le noir absolu de sa silhouette familière ; elle est piquée de quelques lumignons, marques fragiles d’un habitat humain dispersé ; comme pour leur faire reflet, les premières étoiles, palpitant faiblement, commencent à apparaître dans un ciel que la nuit tombante obscurcit progressivement.

Des groupes de badauds commencent à s’approcher ; nous sommes un peu étonnés mais très fiers d’avoir pu éveiller leur intérêt et de les entendre nous aborder sur un ton d’égal à égal. Nous nous appliquons à leur répondre avec assurance, mais n’en menons pas large : si notre feu allait avorter, nous noyant perfidement sous des volutes de fumée au lieu de partir en joyeuse flambée ? Aussi, l’impatience gagne-t-elle l’équipe petit à petit. L’oreille collée à son précieux transistor (encore alors une rareté…) l’un des assistants écoute l’émission spéciale de Radio Perpignan ; la station est en liaison avec une robuste équipe de randonneurs qui ont gravi la montagne jusqu’au chalet des Cortalets : de là va partir le signal qui lancera l’embrasement de toute la plaine…

La nuit est maintenant presque noire ; le dessin du cirque de montagnes ne se distingue plus qu’à peine. Nul ne doute que l’instant fatidique soit proche. Mais pas question d’anticiper la mise à feu :
ce serait notre honte !

« Ca y est ! Ils allument ! » Notre opérateur radio manque s’étrangler d’émotion. Tous les regards convergent vers le Canigou : une vive lueur vient en effet d’y éclater, sans doute un artifice pyrotechnique.

En réponse, les flancs des Albères se piquent avec une vivacité étonnante d’une véritable guirlande de lumières, montrant que chaque mas tient à participer à la fête. La rapidité de cette réaction nous fait soupçonner le recours à quelque produit vivement inflammable… ce qui nous est rigoureusement interdit !

C’est donc à l’aide de torchères de papier, dans une excitation frénétique, que notre petite bande entreprend par tous les côtés de bouter le feu à la pyramide de sarments : vite, vite, il faut que les flammes partent et montent haut et fort pour, à leur tour, répondre au signal !

 

Les brindilles, sèches comme de l’étoupe, ne se font guère prier et, en un instant, toute leur matière s’embrase, lançant au ciel de longues et agiles langues rouges cernées de nuées d’étincelles.
La violence du départ de feu et la hauteur des flammes nous surprennent un peu et nous font hésiter un instant : ne risque-t-il pas, malgré nos précautions, d’y avoir propagation à l’entour ?

Mais un sentiment de fierté prend bientôt le dessus : nous sommes en train de réussir « notre » feu de la Saint-Jean ; il parait évident à notre juvénile et lyrique enthousiasme qu’il se détache tel un phare parmi tous les foyers de la plaine et qu’il est en ce moment même distingué par l’équipe du Canigou !!!

Le ronflement des flammes se prolonge longtemps ; tout le combustible accumulé y passe sans regrets. Le feu rituel exerce son attrait magique sur une assistance joyeuse et complice ; il se reflète sur les visages qui se détachent, rougeâtres, sur le fond sombre de la nuit, déformés par les ondes de chaleur, évoquant caricatures grotesques ou masques menaçants. Enfin il baisse d’intensité, découvrant un épais tapis de braises ardentes dont on ne peut que difficilement approcher. A l’aide de longues perches, nous en égalisons la surface : la dernière partie du jeu, mais non la moins haletante, le saut au feu, va pouvoir commencer !

Cette sorte de concours où l’on joue un peu à se faire peur est paraît-il une forme de dérision envers d’anciens sacrifices humains en l’honneur de dieux oubliés… Les victimes y auraient été jetées vivantes dans le brasier !

Aujourd’hui, l’assemblée bon enfant est bien loin de cette intensité dramatique : elle observe, goguenarde, le groupe de grands dadais qui se jaugent mutuellement, espérant par leur bravade briller aux yeux des filles ; celles-là, par petits groupes, se chuchotent leurs secrets en pouffant de rire à chaque minute. Soudain, l’un des garçons se décide : il doit sauter tant qu’il reste un semblant de danger ! Il mesure soigneusement son élan, s’élance en une course rapide et saute vaillamment en travers du mur de flammèches et de la bulle d’intense chaleur ; il retombe au ras des dernières braises que ses talons écrasent dans une gerbe d’étincelles. De petits cris d’effroi jaillissent de la poitrine des jeunes filles tandis que le reste de l’assemblée siffle d’admiration ou même applaudit discrètement l’auteur de l’exploit ; une vague odeur de corne brûlée montre que quelques duvets se sont roussis au passage… Le temps que ses compères réagissent, le sauteur, qui a pris la mesure de l’épreuve, bondit une nouvelle fois, dans l’autre sens, au dessus du foyer. Surprenant tout le monde, une des filles, par ailleurs sportive accomplie, se lance à son tour et réalise le bond avec le même réussite, déclenchant à son profit des vivats et quelques huées à l’intention de ses camarades masculins trop prudents.

Du coup, tous s’y lancent dans une joyeuse frénésie ; le vrai danger qui subsiste est de se heurter en plein bond et de retomber au cœur des braises… Les tout-petits voudraient bien s’y risquer aussi, mais les parents les en dissuadent vertement.

Cette douce folie se calme peu à peu ; le transistor diffuse tantôt des sardanes, tantôt des « tubes » à la mode ; un petit bal s’improvise tandis que certains couples se noient dans l’obscurité complice.
Au cœur du vaste cirque de montagnes, dont on ne distingue plus du tout les contours, les lueurs des feux chutent et s’éteignent les uns après les autres. Un des adultes nous suggère d’en faire de même par sécurité : convaincus, nous jetons avec application de grandes brassées de sable poussiéreux sur les braises mourantes : la Saint-Jean de cette année est passée, nous nous projetons déjà vers l’année prochaine ; nous y ferons encore mieux !

Mais combien, entre les contraintes des études, les déménagements des parents, l’attrait des amourettes, les brouilles et les fâcheries se retrouveront là dans un an ?

 

C’est si long, une année… et pourtant si court aussi !

 

 

 

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